« Tout pour trouver son bonheur »

Lancement de l'Iphone en 2007
La queue lors du lancement de l'Iphone en 2007 (wired.com)

Non, ce n’est pas le nom du dernier guide d’épanouissement et de développement personnel. C’est le slogan d’une grande chaîne de magasins qui s’affiche en grand format dans le métro parisien.

« Tout pour trouver son bonheur ». Dans un magasin. Pas dans un livre, ni un paysage, ni encore un visage cher à nos yeux. Ni encore dans ces petits instants auxquels on accorde de moins en moins d’importance. Le bonheur se trouve dans un magasin. Au delà du clin d’œil à l’expression courante « tu trouveras y ton bonheur… », on y retrouve le fondement même de notre société moderne : on nous fait penser que, pour être heureux, nous avons absolument besoin de plein de choses, tout de suite.

Le pire, c’est que ça marche.

Voilà à quoi nous en sommes réduits. A un bonheur généré par la possession de bric et de broc. Travailler plus pour gagner plus, pour acheter plus, pour consommer plus… et donc travailler plus. Un cercle vicieux dans lequel notre système risque de trouver un mur.

Quand on sait qu’une perceuse (vendue par ledit magasin) est utilisée 6 minutes par an, et que l’on compare l’impact envrionnemental du cycle de vie de ladite perceuse (fabication, utilisation, destruction), on peut se poser des  questions.

Nous souhaitons être heureux. Pour cela, nous sommes convaincus (ou nous laissons convaincre) qu’il faut acheter, posséder. Voilà la vision du bonheur dont nous abreuvent les médias, les vitrines de magasins, désormais sans doute nos proches (« honnêtement, l’IPhone, tu sais pas ce que tu loupes, tu devrais l’acheter »). La fable du « pêcheur et du businessman » nous en apprend un peu plus sur la finalité des choses.

Voilà la clé d’un système dont la survie ne réside que dans une croissance permanente. Le système en maîtrise le processus de part en part, s’auto-alimente. Le besoin à la fois créé et comblé par les marques, par le système dans lequel nous nous complaisons tous (quand je dis « tous », j’entends les classes moyennes des pays développés).

Le superflu est désormais de mise : il me faut absolument ce manteau (même si j’en ai 4 dans un placard), ces lunettes de soleil (j’en ai 5)… Difficile pour nous d’échapper à cette pensée.

Comment s’extraire de ce système sans s’extraire de son entourage ou de sa vie sociale ? Comment être plus cohérent ? Sans doute en commençant quelque part. Commencer par le renoncement du plus futile. A chacun de fixer ses propres limites, à chacun sa définition du futile. A chacun de renoncer à la pression exercée par son propre confort.

Il s’agit aussi de rendre désirable la sobriété dans un monde où le désir, c’est la possession.

Pour se remettre dans la réalité, on peut se rappeler que plus d’ 1 000 000 000 d’êtres humains souffrent de malnutrition (source : Programme Alimentaire Mondial). Ils sont 1 000 000 000 à ne pas avoir accès l’eau potable (situation qui s’aggrave rapidement).

Pendant ce temps là, on nous dit que notre bonheur se trouve dans un magasin. Et ça marche.

2 commentaires à propos de “« Tout pour trouver son bonheur »”

  1. Merci pour le lien. J’en profite pour découvrir ton blog que je trouve très sympa, les idées me plaisent et la philosophie derrière aussi (en plus, tu cites Dominique Bourg, …);-) oui écolo, c’est pas répondre à des stéréotypes ou à des clichés bien ou pas bien, mais cela va plus loin dans une réflexion plus globale (et systémique) des choses. Bravo pour ce blog.

  2. Merci pour ce commentaire, qui de ta part, me touche énormément !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*